Issu d’une famille catholique qui s’est de tout temps montrée fidèle aux rois de France et à la religion, Honoré d’Urfé nait en février 1597 à Marseille (13), cinquième enfant d’une famille de six garçons et six filles. A 13 ans, il devient membre de l’ordre de Malte puis entre au Collège de Tournon (07), de même que ses frères, Christophe et Antoine.
Riche de l’éducation tournonaise qu’il quitte à l’age de 16 ans, Honoré d’Urfé rejoint le Lignon alors que les guerres de religion perdurent. Il y rencontre Diane de Châteaumorand, qui sera la femme de son frère aîné, Anne d’Urfé, et commence la rédaction de l’Astrée, le premier roman pastoral. A 22 ans (en 1590), il combat aux côtés du duc de Nemours contre les troupes royales d’Henri iii puis Henri iv. Il se fera emprisonner par deux fois, en 1595 et 1596. Il rejoint ensuite le duc de Savoie, parent par sa mère, Renée de Savoie. Il s’illustre à ses côtés par différents faits d’armes.
En 1598, il publie ses Epîtres morales, lettres philosophiques à différents thèmes dont l’amour platonique et la mort de son frère Antoine, tué par ses troupes durant les guerres de religion. En 1599, il obtient l’annulation de ses vœux à l’ordre de Malte et épouse Diane de Châteaumorand. Le 18 avril 1602, après que la Savoie soit intégrée au royaume de France, Honoré d’Urfé signe un acte de vassalité au roi de France. Honoré d’Urfé rejoint la cour du roi à Paris et continu à s’illustrer dans les campagnes de Charles-Emmanuel, duc de Savoie. Il fonde avec François de Sales, Antoine et son fils Claude Favre, la première société savante de Savoie, l’Académie florimontane.
En 1607 paraît la première édition de l’Astrée puis la deuxième partie en 1610. Le succès du roman est très vif en France et en Europe. Il s’agit d’un roman d’aventure en partie autobiographique inspiré de ses années vécues dans le château familial de la Bâtie d’Urfé (Saint-Etienne-le-Molard – 42) et dans la tradition des romans hellénistiques. Cet ouvrage renouvelle le roman d’amour et influence le théâtre, l’opéra et les mentalités jusqu’à nos jours. En 1618 sont publiés les premiers livres de la troisième partie de l’Astrée, achevée en 1619. Les deux dernières parties de l’Astrée seront publiées après la mort d’Honoré. En 1627, la fin de la quatrième partie est écrite et publiée par son secrétaire, Balthazar Baro, auteur également de la dernière partie à moins qu’elle ne soit attribuée à Pierre Boitel, Sieur de Gaubertin, rédacteur des parties 5 et 6. L’Astrée est un roman de 5 000 pages, en 5 parties de 12 livres chacune.

En 1625, Honoré d’Urfé contracte une pneumonie durant la guerre de Valteline opposant la Savoie et la France à l’Espagne. Il meurt le 1er juin à Villefranche-sur-Mer (06). Ses funérailles sont célébrées à Turin (Italie) et son corps est enseveli dans le Forez.

Si les circonstances de l’arrivée de la famille d’Urfé dans le Forez restent obscures, on sait que Pierre ier (mort en 1444) fut Grand maître des arbalétriers à la cour de Charles vii ; Pierre ii d’Urfé (mort en 1508) était Grand écuyer de France sous Charles viii et devint Bailly du Forez en 1486. Pierre d’Urfé fonda également le Couvent des Clarisses de Montbrison (42) en 1497. Claude d’Urfé (mort en 1458), Bailly du Forez servit François ier notamment en tant qu’ambassadeur au Concile de Trente, puis Henri ii comme ambassadeur à Rome et gouverneur des Enfants de France. Claude d’Urfé était un homme cultivé et entouré, comme en témoigne le nombre d’ouvrages conservés en sa bibliothèque, riche de 4 600 ouvrages ; c’est lui qui donna à la Bâtie d’Urfé toute sa splendeur. Jacques d’Urfé (mort en 1574), père d’Honoré était Lieutenant général du Forez.
La branche directe de la famille d’Urfé s’éteint en 1724, puis la famille s’éteint définitivement en 1794. La Bâtie d’Urfé est brûlée en 1726 tandis que le couvent des Clarisses de Montbrison est démoli en 1820. Depuis 1920, la Diana, société archéologique et historique ligérienne, propriétaire du lieu depuis 1909, rénove le château de la Bâtie d’Urfé, aujourd’hui accessible au public.

Honoré d’Urfé et le Collège de Tournon

« Le spectacle des susdits Escholiers, & Université fut merveilleusement beau, tant pour le bel ordre & modestie, que pour le grand nombre d’iceux, qui estoit preque de quinze cens : la plus part fort honnestement habillez, entre lesquels y avoit de sept à huit cens Gentils-hommes de race, & plusieurs de grandes & illustres maisons ; tant de Forestz, que du Dauphiné, Vivaez, Auvergne, Vely, Gascogne, Provence, Languedoc, Bourgongne, Lyonnois, Savoye, Piedmont, Flandres, Escosses, Italie. »

Après avoir prononcé ses vœux à l’ordre de Malte, Honoré, cinquième garçon de la famille d’Urfé est envoyé au Collège des jésuites de Tournon-sur-Rhône pour y continuer son apprentissage religieux. L’enseignement tournonais était remarquable. Au milieu de 1 500 élèves dont la moitié est issue de familles nobles de toute l’Europe, le jeune Honoré d’Urfé se fait remarquer par sa plume, tant et si bien qu’on lui demande de rédiger le procès verbal de l’entrée de Madeleine de la Rochefocauld, jeune épouse du comte Just-Louis de Tournon. Dans un compte-rendu de 132 pages, Honoré décrit avec précision les festivités, nomme les personnalités présentes et fixe les citations que la comtesse pu lire et entendre en leurs différentes langues, durant ces journées d’avril 1583.

« Ce iour mesme, l’on dressa tout autour de la basse cour du College des eschaffauts en forme de theatre, avecques des bateries, a fin que plus aissement l’on peut exhiber les ieux preparez. Le premier fut d’une Moresque inventee pricincipalement, & iouee par les freres d’Urfé, de la Mãre, Larisse, & par quelques autres gentilshomes escholiers iusques au nombre de dix. »

Extraits :
La triomphante Entrée de noble et tres illustre dame madame Magdeleine de la Rochefocauld, espouse de hault et puissant seigneur messire Just Loys de Tournon.

Honoré d’Urfé en quelques dates

1567 – Naissance d’Honoré d’Urfé à Marseille (13).
1584 – Honoré devient membre de l’ordre de Malte.
1583 – Rédaction de la triomphante Entrée de Madame Magdeleine de la Rochefocauld.
1590-1596 – Combat pour la Ligue catholique contre les rois de France et le protestantisme.
1598 – Publie ses Epîtres morales.
1599 – Annulation de ses vœux l’ordre de Malte.
1600 – Mariage avec Diane de Châteaumorand.
1602 (18 avril) – Signe un acte de vassalité au roi de France.
1607 – Publication de la première partie de l’Astrée.
1609 – Parution du recueil de poèmes la Savoysiade.
1610 – Publication de la seconde partie de l’Astrée.
1618 – Honoré d’Urfé reçoit le collier du grand ordre de l’Annonciation.
1618 – Publication des trois premiers livres du troisième volume de l’Astrée.
1619 – Impression achevée de la troisième partie de l’Astrée.
1625 – Parution d’une pastorale en cinq actes, la Sylvanire ou la Morte vive.
1625 (1er juin) – Mort d’Honoré d’Urfé à Villefranche-sur-Mer (06).
1627 – Parution posthume de la quatrième partie de l’Astrée, achevée par B. Baro.
? 1628 – Parution de la cinquième partie de l’Astrée.

Sources et références

Honoré d’Urfé en Forez : Quatre siècles d’« Astrée » – Supplément gratuit à l’Essor de la Loire du 7 septembre 2007
Lycée Gabriel Faure
La Diana (25-09-2008)
Honoré d’Urfé sur Wikipédia (25-09-2008)
La bastie d’Urfé en Forez (25-09-2008)
Forez Histoire (25-09-2008)
Honoré d’Urfé et l’Astrée (25-09-2008)
Honoré d’Urfé sur le portail universalis en ligne (25-09-2008)
Terres d’histoire (15-10-2008)

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